En apaisant nos angoisses, l’hypnose médicale permet de vaincre les insomnies et de retrouver un sommeil plus réparateur, la plupart du temps en quelques séances.

L’hypnose est désormais reconnue comme un outil thérapeutique. Certains hôpitaux l’utilisent pour atténuer la douleur, préparer à l’accouchement et remplacer certaines anesthésies.

Une expertise de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) a pointé en 2015 ses avantages pour traiter l’insomnie, une fois les causes physiques éliminées. L’imagerie cérébrale a montré que, sous hypnose, nous sommes dans un état de conscience particulier, différent de l’éveil et du sommeil.

« C’est comme “être dans la lune”, c’est un état de rêverie », estime le Dr Patrick Bellet, médecin en hypnose ericksonienne.

L’hypnose réduit le stress

Certaines régions du cerveau sont mises en sourdine comme lorsque nous dormons. Et d’autres zones capables de réduire le stress et l’anxiété sont stimulées. L’hypnose aide à interrompre la pensée et crée l’état nécessaire pour bien dormir. Le temps d’endormissement diminue et la durée du sommeil réparateur augmente.

Déroulement d’une séance d’hypnose contre les troubles du sommeil

La première consultation commence par un entretien avec le thérapeute. En identifiant la cause des troubles du sommeil, il adapte sa technique et ses suggestions au patient et au type d’insomnie.
Lors de l’hypnose proprement dite, le thérapeute amène d’abord la personne à se relaxer. Il peut lui parler de façon répétitive en suggérant la détente totale des muscles du corps ou lui demander de se focaliser sur un objet.
« Pour s’endormir, on essaie souvent de faire le vide. Or, plus on s’efforce de ne penser à rien, plus les choses reviennent en force, explique le Pr Antoine Bioy, professeur de psychologie médicale à l’université de Bourgogne. C’est pour cela qu’il faut créer un sentiment de familiarité avec l’environnement – le contact avec le siège ou le lit, les bruits, etc. »

Dès que ce qui nous entoure est connu, le cerveau s’en dégage et part vers autre chose tout en restant en éveil.
« On entre alors dans une phase d’hyperdisponibilité à tout ce qui est perceptif. La pensée réflexive passe au second plan », ajoute le Dr Agnès Brion.
Le thérapeute propose alors au patient des pensées positives, des sensations de bien-être ou des métaphores, comme un plongeon en eaux profondes, pour suggérer l’entrée dans le sommeil. Le but est de l’aider à retrouver un univers où il se sent bien et en sécurité pour pouvoir s’endormir.
Avec les réveils nocturnes, « le travail est un peu différent, indique Antoine Bioy. On suggère à la personne qu’une part de sa conscience reste toujours éveillée, à l’instar de la mère qui entend son enfant pleurer quand elle dort. Puis, on lui demande de visualiser ce gardien du sommeil : cela la rassure de savoir que, si nécessaire, ce gardien la réveillera. »
À la fin de la séance d’hypnose, en moyenne 30 minutes, un échange permet d’exprimer ce qui a été ressenti et de trouver d’autres suggestions pour la prochaine fois. Pour consolider le traitement, le thérapeute enseigne des techniques d’auto-hypnose.

Des résultats rapides

L’effet bénéfique peut se faire ressentir dès la première séance. Selon les études, entre 50 % et 85 % des personnes voient leur sommeil (durée d’endormissement et qualité) s’améliorer après deux séances. Il faut compter deux à cinq séances, espacées d’une à deux semaines, mais jusqu’à une dizaine en cas de troubles complexes ou installés depuis longtemps.

Pour pratiquer l’hypnose chez soi

S’imaginer visuellement dans un endroit apaisant, dans une salle de contrôle où l’on peut appuyer sur le bouton “sommeil”.

Visualiser une bougie, en s’intéressant à chaque détail : la taille du bougeoir, sa couleur, etc. Puis faire grandir la flamme jusqu’à ce qu’elle se transforme en soleil. On le sent alors réchauffer et ramollir toutes les parties du corps, tandis que ce dernier s’enfonce de plus en plus dans le lit.

Source : santé Magazine
Auteur : Mathilde Naja
Consultant(s) : Dr Patrick Bellet, médecin en hypnose ericksonienne Pr Antoine Bioy, professeur de psychologie médicale à l’université de Bourgogne Dr Agnès Brion, psychiatre et vice-présidente du réseau Morphée